En passant la porte de la chambre, Slya jeta un regard vers la gauche. Le serviteur qui s’apprêtait à fermer derrière elles affichait un air parfaitement impassible ; il ne chercha ni à établir, ni à fuir le contact des yeux de Slya, pas plus qu’il ne laissa deviner une attirance quelconque pour la généreuse poitrine de Lara. « Parfait, songea Slya. Pas du genre écornifleur. »
La pièce dans laquelle elles entrèrent était petite. Guère plus qu’une cellule ; d’ailleurs, en fait de lit, elles ne disposaient que d’une banquette enchaînée au mur grossièrement recouverte de draps épais mais rudes. « Charmant... » laissa froidement échapper Slya. Derrière elle, la porte se referma avec un bruit feutré.
Slya se tourna vers Lara. Elle constata avec plaisir qu’aucune fenêtre ou ouverture ne semblait donner dans la pièce, hormis une lucarne lovée dans le coin supérieur d’un des murs. Quant à l’aventurière, elle se tenait debout, docile, attendant une initiative de sa nouvelle partenaire. Slya s’approcha d’elle en la fixant droit dans les yeux ; Lara semblait regarder droit à travers elle. Elle s’arrêta, la pointe de ses seins touchant légèrement ceux de Lara. L’aventurière restait immobile, les yeux fixes comme s’ils étaient de verre. Slya frissonna. L’apathie de Lara lui semblait presque surnaturelle. Levant la main droite, elle laissa ses doigts glisser délicatement sur la peau tendre de son sein. Pas de réaction ; ses doigts s’enfoncèrent un peu dans la chair confortable. Son pouce vint trouver le mamelon et, appuyant légèrement dessus, se mit à le caresser d’un mouvement circulaire.
Elle sursauta presque lorsque Lara réagit finalement à ses caresses en bombant la poitrine et en se cambrant légèrement. Mais cela n’alla pas plus loin; un très léger sourire rêveur apparut sur ses lèvres, et Slya sourit également en lui prenant l’autre sein de sa main libre. « Lara, Lara, Lara, murmura-t-elle. Petite garce... Quelle est ton secret ? » Mais elle n’eut pas de réponse.
Ses yeux sévères furent soudain attiré par un reflet tremblant sur le mince collier de Lara. « Ma parole, fit-elle, c’est tout le prix pour lequel tu as vendu ton corps ? » En riant dédaigneusement, Slya arracha le collier et le considéra de plus près. Il était d’une minceur extrême, étrangement doux au toucher. Mais c’était du métal, indubitablement. De l’or, et assez malléable pour être pur. Guère plus qu’un filament, mais un filament extrêmement précieux. Joli. Doré. Doré.
Une solide claque - presque un coup de poing - la rappela à ses sens. Lara avait fait un pas vers l’arrière et s’affairait à remettre sa poitrine en place. « Qu’est-ce que c’est que cette histoire ? Qui êtes-vous ? Où sommes-nous ? »
Slya vit le collier sur le sol. Elle-même se sentait un peu perdue, comme tirée à la dernière seconde d’une rêverie envoûtante. Sa joue brûlait. Lara titubait légèrement. L’aventurière était forte, la tête froide, mais la femme en elle était gênée et apeurée de se trouver soudainement plongée dans un lieu mystérieux, en train de se faire peloter par une inconnue. Voyant qu’elles étaient seules et que Slya ne manifestait pas d’agressivité, elle se laissa tomber plus qu’elle ne s’assit sur la banquette. |